Journaliste professionnel, Michael Augustin, 45 ans, vit et travaille à Lyon. Rédacteur en chef du site d'actualités Lyon Info, il collabore également avec plusieurs autres titres locaux et nationaux. Avec La Marche des Beurs, il a voulu immortaliser une épopée partie de la région lyonnaise avant de devenir un énorme évènement national.
Tout d'abord, si le titre du livre évoque effectivement la « Marche des Beurs », beaucoup de Maghrébins récusent ce terme. Ils préfèrent qu'on parle de « Marche pour l'égalité et contre le racisme », qui correspond d'ailleurs au nom choisi à l'époque. Ce n'est que la presse parisienne qui l'a rebaptisée « Marche des Beurs ».
La raison pour laquelle j'avais envie de raconter l'histoire de cette quête de l'égalité et de ce combat contre le racisme est simple. Cette Marche est à la fois un fait historique, bien ancré dans son époque : la France des années 1980. Une France en crise qui découvre le chômage, une France où l'élection de François Mitterrand a soulevé d'immenses espoirs et qui commence à se réveiller avec la gueule de bois. Mais c'est également une histoire qui est toujours d'une brulante actualité.
Ils remontent certes déjà à 30 ans, mais ils ne remontent quand même qu'à 30 ans. C'est à dire, la plupart des acteurs sont encore en vie et bien portants. J'ai commencé par une série d'une dizaine d'entretiens, autant avec des marcheurs - maghrébins et européens - qu'avec des personnes qui ont gravité autour de cette Marche. Puis, je me suis plongé dans les journaux de l'époque et ai épluche un millier d'articles.
Beaucoup de choses et peu de choses à la fois. Si les meurtres racistes, qui ont marqué les années 1960 à 1980, ont quasiment disparus, si le quartier des Minguettes n'a plus du tout le même visage, d'autres problèmes persistent malheureusement, à commencer par le chômage et les multiples formes de discrimination. Le dernier chapitre de mon livre y est d'ailleurs consacré.